Le Mexique dans un miroir : les ex-voto de San Juan de los Lagos (1870 - 1945)


Hermenegildo Bustos, peintre de retables

"Allí  floreció este maestro dueño de un oficio no menos perfecto que el de cualquier flamenco primitivo"


                                                        Diego Rivera



Parmi les très nombreux peintres qui subvenaient aux besoins de la clientèle de la région de León (avant que la photographie n’en termine avec tout), il en est un qui a été progressivement arraché à l’anonymat, Hermenegildo Bustos. Lui qui passa la plus grande partie de sa vie à Purissima del Rincón (au sud de León, depuis Purísima de Bustos), partagé entre ses activités de peintre «aficionado» -mais rétribué- et d’homme à tout faire, eut comme parrains posthumes l’écrivain Francisco Orozco Muñoz et surtout Diego Rivera. Bustos lui-même revendiquait ses attaches profondément populaires, s’auto-dénommait «indio de este pueblo de la Purísima».

Bustos passa l’essentiel de sa vie à l’ombre de l’Église: un de ses protecteurs fut d’ailleurs le presbitero Ignacio Martínez –dont il a laissé un portait impressionnant-, fondateur du sanctuaire du Señor de la Columna de Purissima del Rincón. Bien entendu le peintre réalisa de nombreux ex-voto pour ce Christ. Mais il eut aussi à répondre à des commandes en faveur de San Juan de los Lagos. Une quinzaine de láminas font partie de notre corpus.

On peut les partager en deux groupes. Certaines sont dans la facture habituelle de Bustos: personnages en action de grâce, figés, avec des faiblesses dans le traitement du corps, mais une grande force et réalisme (naturalisme) pour ce qui est des visages. Une autre série est très différente, proche de l’école de León (où Bustos se trouva quelque temps en apprentissage), plus spontanée, moins emphatique dans les textes, plus naïve aussi, avec un traitement des visage « à l’angélique » stéréotypé. Cette seconde série s’adressait-elle, de façon relativement standardisée, à une clientèle plus populaire que celle des Carlos Aranda et autres Federico González López ? En tout cas les deux séries se confondent pour ce qui est de la chronologie. Et entre les deux, il reste une production plus libre, où Bustos laisse plus de place à la composition; ce sont de magnifiques scènes de genre, ramenées au format d’une miniature.

Bustos avait des émules à San Francisco del Rincón. Si ce continuateur ne fut probablement pas un élève de Bustos (celui-ci était trop modeste pour cela), il essaya de l’imiter. Imitation et distance sautent au yeux à la vue de cette œuvre du «compétiteur ». Cette lámina a peut-être été peinte pendant l’agonie de Bustos (mort le 28 juin 1907) ; elle est donc poignante, comme si la tombe ouverte qui y est peinte attendait Hermenegildo Bustos.