Les sanctuaires mexicains et les cultes
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"Aún más: que de tal manera llena y empapa el corazón la sola vista de esta imagen soberana [del Santo Cristo de Chalma], que (díselo así) revistiéndose divinamente de las qualidades del imán, de tal suerte enamora,
encanta y embelesa a las almas"
Fr. Joaquín Sardo
Cette citation de 1810, en référence à un des sanctuaires mexicains les plus «lourds» de sacralité, celui de Chalma, permet de comprendre l’alchimie mystérieuse qui s’opère au centre de ces lieux. La combinaison suppose la rencontre de deux forces inégales: celle fragile du croyant, celle dominatrice de l’image sainte. La rencontre produit le miracle, élément indispensable à l’attraction exercée par le sanctuaire, et celui-ci est donc attesté à la face des «chrétiens du siècle» (c’est-à-dire des laïcs), par l’accumulation des ex-voto. Il est ensuite l’autre aspect de cette aimantation évoquée par Sardo: l’influence locale, régionale du sanctuaire est d’autant plus grande que les pèlerinages qu’il attire viennent de plus loin, dessinent une région dont il devient un élément essentiel d’identité.
Nous sommes ici au cœur des croyances universelles, le catholicisme reprenant des sites sacrés, des mythes qui donneront une épaisseur encore plus grande aux sanctuaires qu’il reconnaît: cela est bien connu pour le Tepeyac, évident dans le cas de Chalma, mais moins assuré à San Juan de los Lagos, ou les emprunts sont très occidentalisés.
Nourrie de la double tradition précolombienne et hispanique, le Mexique est terre de sanctuaires: si l’on reprend le Directorio de santuarios publié en 1989, il y aurait actuellement, sur l’ensemble de la République quelques 255 lieux sacrés reconnus par l’Église…. Certains sont très récents : un des plus remarquables est celui du Señor de los Milagros (San Juan Nuevo, Michoacan), né en 1945, après l’éruption du Paricutin de 1943. La lutte contre la nature, ici spectaculaire, a renforcé l’identité locale, la ferveur, et celle-ci s’exprime à travers d’innombrables ex-voto.
La Vierge et le Christ se partagent aujourd’hui l’immense majorité des dévotions. Mais comme le rappellent les images annexes qui apparaissent parfois sur nos ex-voto, il ne faudrait pas oublier les cultes aux saints, franciscains en premier, au Santo Niño de Atocha, si présent dans toute cette région, depuis son sanctuaire de Plateros. Il est même arrivé que certains ex-voto destinés à d’autres cultes se soient «égarés» à San Juan de los Lagos: peu importe, le sacrifice (le pèlerinage), le don (l’ex-voto) avaient eu lieu, et ils étaient reconnus au sein d’un espace sacré entre tous, pour le reste Plateros ou San Juan de los Lagos participent d’une même identité, celle de l’Occident du Mexique.